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Photo du rédacteurjessicaH

Et l'amnésie traumatique ?

L'amnésie fait partie d'un mécanisme de survie que met en place le cerveau, on parle de dissociation traumatique qui entraîne une anesthésie émotionnelle, on ne ressent plus rien, on est privé de nos émotions. Ce processus se met en place lorsque l'on vit quelque chose de tellement souffrant que le cerveau fait disjoncter le système émotionnel, c'est ce qui nous permet de survivre car on est plus en situation de stress extrême. On se retrouve alors dans un brouillard émotionnel qui fait que les faits disparaissent dans ce brouillard. On oublie tout, on a alors plus aucun souvenir de l'événement traumatique.

(mémoiretraumatique.org, beaucoup de ressources)


Une amnésie en général se met en place dans l'enfance, et la mémoire peut revenir plusieurs années plus tard, en moyenne c'est aux alentours de 30 ans mais il n'y a pas de règle non plus, c'est propre à chaque histoire.


On retrouve beaucoup d'amnésies liées aux abus sexuels, à l'inceste, mais pas que. Je précise que ce n'est pas que ça, même si malheureusement c'est trop souvent lié à l'inceste. Pour exemple, je connais une personne qui a recontacté un trauma vécu chez sa nounou qui à l'époque l'avait menacé en l'étranglant pour ne pas qu'elle répète ce qui s'y passait. C'est juste terrible pour un enfant, et elle a mis en place cette amnésie.


Et puis à l'âge adulte ce processus peut aussi se mettre, lors d'un accident par exemple, il est courant qu'on ne se souvienne de rien. C'est le même processus de dissociation, mais les conséquences ne seront pas les mêmes.

Plus on aura été en contact avec un événement traumatique, ou notre bourreau, et plus l'amnésie sera profonde.


Bien que ce mécanisme se mette en place pour assurer notre survie, il y a beaucoup de conséquences. Liste non exhaustive, on peut se retrouver dans beaucoup de choses, et pas seulement en lien avec l'inceste bien sûr. Par définition on a tous et toutes vécus des choses souffrantes et traumatisantes.

  • on se réfugie dans notre tête. On fuit notre corps, c'est trop difficile de ressentir.

  • En fuyant nos ressentis on se déconnecte de nos émotions, on est comme anesthésiée, on vit à côté de notre corps, on dissocie beaucoup, à la moindre difficulté, on repart dans notre tête

  • plus on dissocie, plus on refoule nos émotions qui se stockent dans notre corps

  • on vit dans une très grande souffrance psychologique et psychique. Sentiment de danger permanent, d'insécurité. Hypervigilance, perte de confiance, insomnies, tensions.

  • On développe des profils de contrôlant, hyper rigidité. On a besoin de contrôler car ça nous crée un cadre qui nous rassure.

  • Troubles anxieux généralisés (stressée de la vie, ça me semblait normal), angoisses, attaques de panique, phobies (dont sociales).

  • Troubles dépressifs, voire idées suicidaires et tentatives de suicide.

  • Troubles cognitifs importants, addictions.

  • Sentiment de solitude, d'abandon. Jamais en paix intérieure. Fatigue, épuisement, perdue, doute de tout, confusion, se plaindre sans cesse (une vraie passion!)

  • Estime de soi catastrophique, se sentir nulle, bête, moche, coupable, incapable.

  • Incapacité à s'exprimer, à s'affirmer, à prendre sa place. Au contraire on voudrait être invisible, passer inaperçue.

  • Somatisation, maux et maladies, douleurs chronique. Le corps s'exprime comme il peut, il nous envoie des signaux qu'on ne peut pas forcément comprendre, on a du mal à écouter notre corps.

  • parfois il y a des diagnostics posés à tort d'autisme par exemple.

  • mentalité de victime, jamais rien ne peut aller et c'est toujours la faute des autres. Difficulté à prendre ses responsabilités ou prendre des décisions. On a été victime certes, et on s'englue dans ce fonctionnement.

Quand l'amnésie se lève : un tsunami, c'est le mot qui convient ! Ou une bombe qui explose à la tronche ! Y a tout qui remonte, tout ! Je prends souvent l'image d'un couvercle qui recouvrait et retenait toute le moisi lié à l'inceste, toute la merde en fait, et paf, il saute et là tout remonte. On se le prend en pleine tronche vraiment, c'est inconfortable et difficile.


On peut avoir l'impression que ça ne s'arrêtera jamais et qu'on arrivera pas à en sortir. Eh bien heureusement c'est faux :)

Avec ce travail de libération des émotions refoulées, de la patience et de la persévérance, c'est possible !


Parole d'amnésique traumatique !







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